Jacques, joyeux petit garçon débordant d’énergie, est brutalement rattrapé par son destin à l’âge de huit ans : un accident stupide le laisse aveugle pour toujours.
C’est alors qu’il a une révélation : la manière des voyants d’appréhender le monde n’est pas la seule. Il en est une autre, riche, à l’intérieur de soi, qu’il faut laisser éclore.
Et Jacques réapprend à vivre, … différemment, mais pleinement.
Son inébranlable confiance en la vie, héritage de son enfance heureuse, attire des amitiés fidèles. L’enfant précoce à l’intense vie intérieure devient un étudiant brillant, profond, courageux dans l’adversité. Quand la France est occupée par l’Allemagne en 1940, son engagement actif dans un Mouvement de Résistance est une évidence pour ce jeune homme épris de liberté. Il motive et fédère ses amis, recrute des agents fiables pour son réseau grâce à un don exceptionnel : à travers les voix qui lui parlent, Jacques lit dans les âmes comme à livre ouvert.
Mais, malgré sa vigilance, le réseau est trahi, démantelé.
A moins de vingt ans, Jacques est envoyé au camp de Buchenwald, rejeté dans l’enfer du quartier des parias (il est aveugle). Il emploiera toute sa force morale à garder son humanité.
Avant toutes choses, cette autobiographie éclabousse de vie qui la lit. Une vie joyeuse, nourrie de spiritualité, chargée d’espérance. De gratitude envers son Créateur, de reconnaissance envers ses amis. Qu’on ne s’y trompe pas, Jacques LUSSEYRAN n’a rien du ravi de la crèche : il a eu son lot de combats et son lot de révoltes, mais toujours il a su traverser les épreuves un « merci » aux lèvres. C’est cette force-là qu’il a voulu transmettre en écrivant le récit de sa vie, sans contentement de soi et sans fausse modestie. Pour que ses élèves (il est devenu professeur aux Etats-Unis après la guerre) y puisent la certitude qu’une vie d’homme peut se vivre malgré le handicap, malgré l’horreur des camps. Reste que l’homme est exceptionnel, le lecteur sort bouleversé de pareille rencontre.
