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2008

150 pages

13 €

❤️ Neiges bleues (Les)

Aux confins du monde russe : la Sibérie. Terre hostile à l’insupportable climat, abreuvée depuis des décennies des larmes de milliers de déportés. En ces années mille neuf-cent-quarante, Staline, relayé par un appareil policier d’une effroyable efficacité, peuple les goulags ( camps de travail) d’un flot toujours renouvelé de prisonniers.

Entraînées par la même sentence (« ennemis du peuple »), les familles des condamnés les suivent aux portes du goulag. Sous l’oeil inquisiteur des commissaires communistes, elles survivent tant bien que mal dans les villages environnants, guettées par la misère et le désespoir. Qui sait pour combien d’années ? Qui sait vraiment pourquoi ?

C’est là, près du camp de la Kolyma, qu’ont échoué Pétia ( huit ans aujourd’hui) et sa rayonnante maman surnommée Beauté. Malgré le dénuement, malgré les dénonciations et la peur entretenue par les camarades bolcheviques, la vie jaillit !

Beauté, aimée de tous, convoitée par beaucoup, reste magnifiquement vivante et chaleureuse dans ce décor sinistre. Son viatique, c’est la Bible dont elle se nourrit en secret, un trésor qu’elle fait découvrir à son fils. Pétia, lui, est un garçon vif et intelligent. Il a les jeux d’un enfant de huit ans, avec sa bande de copains, et les interrogations d’une grande personne. Cette âme poète et sensible observe le monde cruel où on l’a jeté mais son instinct de vie sait y trouver des instants de bonheur, petites étoiles brillantes dans la nuit de son quotidien.

Il faut lire ce très beau roman grave et gai mais pour comprendre les allusions à la déportation, au goulag, au NKVD, il faut aussi avoir entendu parler du communisme et de Staline.
Par quel miracle ce roman, bâti sur le fond le plus désespérant à partir des souvenirs d’enfance de l’auteur devient-il, au fil des chapîtres, ce petit bijou d’émotion, de tendresse et même d’humour ?
On est profondément touché par l’absurde destin de ces déportés : chacun dans le village se sait dans la main de diable. Peut -être broyé demain, peut-être l’an prochain. Alors, dans l’ordre des priorités, le plus urgent devient de garder son humanité, seul vrai bien qui reste. Une mention spéciale pour la galerie de portraits présentée par l’auteur, particulièrement belle.