Dans le monde où vit Jonas, la guerre, la pauvreté, le chômage, le divorce n’existent pas. Les inégalités n’existent pas. La désobéissance et la révolte n’existent pas. L’harmonie règne dans les cellules familiales constituées avec soin par le comité des sages. Les personnes trop âgées ainsi que les nouveau-nés inaptes sont «élargis», personne ne sait exactement ce que cela veut dire.
Dans la communauté, une seule personne détient véritablement le savoir : c’est le dépositaire de la mémoire. Lui seul sait comment était le monde, des générations plus tôt, quand il y avait encore des animaux, quand l’œil humain pouvait encore voir les couleurs, quand les gens tombaient amoureux.
Dans quelques jours, Jonas aura douze ans. Au cours d’une grande cérémonie, il se verra attribuer, comme tous les enfants de son âge, sa future fonction dans la communauté. Jonas ne sait pas encore qu’il est unique. Un destin extraordinaire l’attend. Un destin qui peut le détruire. Dans cette intéressante fiction, intrigante dès le début, l’auteur veut nous entraîner dans sa réflexion. Lois Lowry décrit le monde aussi inhumain qu’il pourrait le devenir si les hommes s’obstinaient à rechercher le degré maximum de sécurité pour tous et à tous points de vue. Poussant la logique à outrance, elle montre combien supprimer les avatars de la vie l’affadit immanquablement et déresponsabilise les hommes : ils tendent à s’en remettre à l’autorité supérieure qui prend si bien soin d’eux.
L’auteur évoque notamment l’euthanasie et l’eugénisme, appelés pudiquement «élargissement» par la communauté, dont la pratique est réservée à un petit nombre d’initiés. Seuls ces derniers savent qu’il s’agit d’éliminer les poids morts de la société, soulageant ainsi l’ensemble de la communauté du scandale de la mort et du handicap.
Le sujet du livre est grave, mais l’histoire, bien menée, sera sans doute lue au premier degré par nombre de lecteurs. Pour les autres, elle constituera une piste de réflexion constructive.
