En 1887, Pierre de Nolhac arrive à Versailles avec sa jeune famille, ouvrant de grands yeux sur son nouveau cadre de vie. Le palais est en sommeil et le conservateur en place conseille au jeune et fringuant attaché de conservation de se contenter de s’intéresser aux archives et à l’histoire des lieux sans s’épuiser à sortir de l’oubli les œuvres qui se conservent très bien toutes seules au grenier.
Il ne faudra pas longtemps pour que Pierre prenne à bras le corps les chantiers de restauration et commence à ouvrir le palais aux visiteurs, peu à peu, cherchant partout crédits et soutiens publics et privés. Passionné et de tempérament bilieux, cet érudit ne voit pas que sa famille s’épuise de ne pas obtenir autant d’attention de sa part que le Château qui l’obsède. Les tiraillements et ruptures font partie de son histoire.
Le château de Versailles a trouvé son ange gardien, amoureux du beau, habile, entreprenant. Devenu conservateur en 1892, il y restera jusqu’en 1920.
Qui raconte les faits et tournants de cette vie donnée au patrimoine français ? Son propre fils, Henri, peintre, fin observateur. Les scénaristes de cette grande bande dessinée en noir et blanc, proche du roman graphique, ont suivi un fil chronologique en dirigeant l’attention sur différents évènements et personnages historiques, intégrant des citations authentiques dans des dialogues ciselés, instructifs.
Le charme de cet ouvrage de belle qualité opère sur les lecteurs de toutes les générations, connaisseurs de Versailles ou pas. Le dossier constitué par les auteurs et illustrateurs fournit des images d’archives familiales, témoins d’une époque pas si éloignée de nous que cela.
Et si ce récit illustré pouvait donner l’envie d’aller plus loin en explorant les mémoires et la riche bibliographie de Pierre de Nolhac, biographe de Marie-Antoinette, poète, chercheur, humaniste, esthète, ce serait le plus bel hommage rendu à cet homme qui dit dans sa jeunesse, paraît-il « Ce qu’il y a de plus beau à Paris, c’est Versailles ».
