Le sanglant épisode des Vêpres Siciliennes et la prise de la Sicile par Pierre III d’Aragon sonnent le glas du règne des Angevins de Sicile et mettent à mal les intérêts politiques de la papauté. Philippe le Hardi se laisse convaincre d’engager les Français dans la lutte contre Pierre III devenu l’ennemi de la France et de plus excommunié par le pape.
L’expédition prend alors la forme sinon la légitimité d’une croisade. Malgré les réticences du jeune prince héritier, le futur Philippe le Bel, c’est toute la fine fleur de la chevalerie qui, en cette année 1284, part à la conquête de l’Aragon. Mais avant de franchir les Pyrénées, posée comme un verrou sur la barrière montagneuse, se dresse la cité d’Elne, défendue par un mystérieux personnage appelé le Bâtard du Roussillon.
Ce guerrier hors norme, farouche et indépendant, intrigue et fascine le jeune Philippe. Tout d’abord ennemi et prisonnier, puis allié providentiel et indispensable à la survie de l’armée française prise au piège de Pierre III, le Bâtard du Roussillon devient non seulement un interlocuteur privilégié du futur roi mais également un miroir des limites du pouvoir royal, contraint par ses liens de fidélité envers le pape et par les codes stricts de la chevalerie.
Sans concession pour les exigences politiques de l’Eglise, ni pour le légat du pape et sa discutable justification du massacre d’Elne, ce roman met en lumière tout à la fois la fragilité du pouvoir royal et la force de sa permanence incarnée par la figure du jeune Philippe dont la maturité se révèle dans l’épreuve.
A partir d’un épisode méconnu et certes peu glorieux pour le Royaume de France, l‘auteur déploie avec une puissance d’évocation remarquable et une grande maîtrise de la langue, la trame d’un récit épique : pour le lecteur, il fait revivre tantôt l’attente fiévreuse de l’armée à la veille de la bataille, tantôt l’atmosphère feutrée des huis-clos et des tractations, tantôt l’horreur des massacres.
Fort de ses qualités de conteur et de la maturité de ses analyses, étonnante pour un auteur si jeune, Jacques de Villiers, signe là un premier roman prometteur, destiné aux lecteurs passionnés d’Histoire, à partir de 18 ans.