Fermer la porte de son appartement parisien après avoir bouclé son sac, Antoine de Suremain l’avait déjà fait tant de fois ! Sa fièvre de fouler des sols méconnus de France et d’en communiquer la beauté notamment auprès de jeunes publics le conduit depuis plusieurs années à diffuser des reportages sur Canal+ dans son émission Antoine l’Aventure et partager ses randonnées notamment sur Instagram (110 000 abonnés).
L’explorateur n’est pas néophyte en matière de marche solitaire et confrontation aux éléments, les dénivelés, la soif, l’inconfort du bivouac en plein air, les chiens errants…
Ce qui est nouveau dans l’aventure qu’il relate dans ce récit de voyage sans emphase, c’est l’idée de marcher 10 jours sans avoir recours en aucune manière à une alimentation apportée par une main humaine. La nature seule comblera son appétit, pas mince compte tenu de son âge (31 ans), sa carrure et l’effort fourni, environ 25 km par jour.
Son carburant : la cueillette de pissenlits, plantain, menthe, champignon (très maigre, l’homme n’est pas un spécialiste (!) et récolte providentielle de noix, de châtaignes, quelques coings et pommes. De l’eau puisée aux sources du Massif central ou dans quelque refuge. C’est tout. Et cela suffit pour changer le regard porté sur ses (nos ?) habitudes de consommation brouillonnes, superflues, méconnaissant la valeur d’un produit. Antoine voudrait instaurer un « valeur-score » à l’instar du nutri-score. Lisez son livre, vous saisirez et vous laisserez convaincre.
Antoine de Suremain partage avec des mots simples sa belle découverte du chemin de Saint-Guilhem qui part de Aumont-Aubrac, sur le plateau volcanique de l’Aubrac pour descendre jusqu’aux garrigues du Langedoc.
Le chemin, jour après jour permet d’entrer en soi-même, de faire le tri, de s’émerveiller du cadeau quotidien du jour qui se lève, de l’héritage reçu, entretenu et aimé par les générations du passé, une croix sculptée dans la pierre, un troupeau, une chapelle… L’ascèse de ce défi quasi survivaliste a ses vertus, il décrasse le corps et par extension l’esprit et l’âme. Le lecteur suit volontiers Antoine sur ce chemin-là aussi.
Voilà qui donne envie de faire son sac, prendre un TER en direction d’une zone oubliée de France et partir à l’aventure. Il y a tant de chemins tracés par des pèlerins d’autrefois et des bergers en estive… Celui de Saint-Guilhem en est un magnifique exemple.
