Puisqu’on lui a confié la clé des futurs thermes avec l’interdiction formelle à quiconque d’y pénétrer avant l’inauguration par le gouverneur romain, Celtill veut se montrer digne de confiance. Un vrai cerbère. Ce jeune garçon, romain par son père et gaulois par sa mère, sait mieux que personne de quelle diplomatie il faut user dans son village : cent ans après les débuts de l’occupation romaine en Gaule celtique, les susceptibilités sont encore vives, les motifs de se heurter nombreux au sein de la population dite gallo-romaine et dans son village de Maricambo notamment. Les thermes, symbole de LA civilisation pour les uns, invention décadente pour les autres, sont un sujet sensible. La stupeur cloue donc Celtill sur place quand il découvre le désastre qu’un vandale a perpétré dans l’édifice, laissant derrière lui un présage de mort. D’ici à ce que les Romains y voient une provocation de trop, une flambée de violence pourrait bien embraser le village et déchirer les familles…
Humour et suspense aussi pour ce premier tome de la série. L’écriture coule, fluide ; l’auteur joue avec les mots dans le style délié qui est le sien, accrochant son lecteur au passage. Evelyne Brisou-Pellen mène en filigrane une réflexion très actuelle sur les difficultés à vivre en harmonie entre gens d’origines diverses. Celtill, fruit d’un mariage mixte (romain-gaulois) et tiraillé de ce fait, s’emploie à arrondir les angles. Ses réflexions sont pleines de bon sens.