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2011

269 pages

17′

Fuir les taliban

« Voilà plusieurs jours que cette question me taraude : pourquoi, mais pourquoi suis-je né dans ce pays qui ne connaît que la guerre ? Les Russes ont envahi l’Afghanistan en 1979. Ils sont restés jusqu’en 1989. Puis les moudjahidine ont pris le pouvoir. Un an plus tard, les taliban les en délogeaient et nous renvoyaient à l’âge de la pierre. Ce pays, c’est le Guerristan ! »

Sohaïl Wahedi a onze ans en 1999. Il vit à Herât, petite ville d’Afghanistan, avec ses parents, son grand-père et sa soeur Taya. Il regrette les temps plus insouciants où les cerfs-volants des enfants pouvaient s’élancer dans le ciel, et où la peur ne régnait pas. Un jour, son ami Obaïd lui fait suffisamment confiance pour partager avec lui une mission secrète de la résistance afghane : prendre des photos des actes des taliban et faire passer les clichés en occident. Sohaïl assiste ainsi pour la première fois à une exécution publique, et comprend peu à peu que beaucoup de ses proches appartiennent à « l’organisation », qui lutte dans l’ombre pour libérer le pays de ses dirigeants cruels, illettrés et drogués au tchars. Une nuit d’été, la « dernière nuit », alors que les Wahedi conduisent leur voisine malade à l’hopital, leur maison est fouillée. « Padar » – le père – se doit alors d’expliquer à Sohaïl qu’il joue un rôle important dans la résistance afghane. Le moment est venu pour Padar de se cacher, et pour sa femme et ses enfants de… fuir leur pays. Commence alors pour « Madar » – la mère – et les enfants un éprouvant périple à travers les montagnes, la Russie et la Pologne, jusqu’aux Pays-Bas où ils obtiendront l’asile politique.

Un récit dur et poignant, inspiré de l’histoire vraie du jeune Sohaïl Wahedi, qui trouva refuge aux Pays-Bas avec sa mère et sa soeur après que son père, sans doute trahi par un résistant torturé, eut été obligé de se cacher des taliban. C’est avec beaucoup de sensibilité et de philosophie qu’est décrite ici la situation subie par le peuple afghan. Les crimes des taliban sont dénoncés avec justesse et réalisme, mais sans description outrancière des atrocités évoquées. L’engagement progressif du jeune heros attachant, féru de mathématiques et un peu rêveur, donne raison à tous ceux qui n’acceptent pas de se soumettre à la cruauté, puisque « si tu abandonnes tout espoir, tu arrêtes d’avancer ».