Quand la parisienne habituée à se faufiler à vélo entre les voitures et les scooters, dans le bruit des klaxons et a pollution, ferme son sac et entame un long périple jusqu’à Jérusalem, que cherche-t-elle ? qui cherche-t-elle ? est-ce une fuite ? une provocation ?
Pour comprendre ce besoin d’absolu dans la marche et la dépendance d’hôtes chaque soir différents, sans plan initial, si ce n’est un itinéraire et un cap, un « azimut », il faut lacer ses chaussures et suivre Aliénor de la Blache pas à pas, dans ce récit passionnant. Six mois d’abandon et de quête intérieure. « Soyez sans crainte, allez dire à mes frères de se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront » (Saint Matthieu), lit-elle dans une Bible ouverte au hasard chez des sœurs de Bethléem à Lavra Netofa.
« Cette vie de pèlerine vagabonde est intense. Chaque journée est comme une vie en accéléré. Les pages que j’ai envie d’oublier sont vite tournées. »
La traversée de la France met en jambes et à partir de l’Italie, les langues, peuples, sols et paysages, se dévoilent dans leur variété et leur pauvreté qui est parfois une richesse. L’accueil chaque fois différent, parfois totalement « indifférent » – mais c’est tellement rare -, est un témoignage de charité, toutes cultures confondues. Les discussions d’un soir avec des inconnus qui ouvrent leur table et leur maison à une passagère (presque) sans bagage, sont d’une qualité et d’une profondeur confondantes.
« La solitude la marche n’est supportable que parce qu’elle est émaillée de rencontres ».
Aliénor de la Blache raconte avec simplicité, humour, sans cacher les moments très durs. Et puis, un beau jour, c’est le but du voyage… Là encore l’expérience contrastée est riche d’enseignement.