VALEUR SÛRE. Prix Fémina 1937, ce roman atypique a été réédité récemment car il possède une dimension intemporelle même s’il est traversé par les lointains échos de la Guerre de 1914.
En effet, c’est toute une civilisation multiséculaire qu’il donne à contempler à travers les yeux d’une petite Marie, orpheline recueillie par des parents éloignés mais au grand cœur. L’évocation des joies et des peines, des travaux et des jours de cette famille recomposée par des deuils douloureux n’est pas sans rappeler René Bazin ou Charles Péguy.
La ferme, au centre d’un paysage immense, entre forêts et labours, semble une ruche au labeur incessant peuplée de nombreux animaux et d’enfants joyeux. La nature qui l’entoure est rendue merveilleusement présente, senteurs, couleurs et bruits sollicitent tous les sens. Mais aussi, on y est pénétré par le silence et la solitude car, si l’ombre tutélaire du château est proche, lointain est le village, et plus encore une modeste ville.
Dans ce cadre de vie peint avec tendresse, les personnages humbles et droits, courageux et pieux, à l’humanité touchante et concrète, de ce roman largement autobiographique, le rendent très attachant pour ceux qui sauront le goûter avec un regard contemplatif. Ils y découvriront l’équilibre et l’harmonie d’un monde disparu qui dispense encore sa paix comme un parfum d’autrefois.
« Elle repensa à sa grand-mère, à leur retour de la grand-messe, sur la route blanche, aux troupeaux de moutons dans la plaine brûlée ; aux odeurs de menthe chaude le long des talus, à la soie grise des pins ; à la croisée des routes ; aux sons de cloche et d’orgue qu’elle entendait encore couvrir toute la campagne ».
L’ouvrage est suivi de « Se souvenir de ma mère », un beau texte inédit lié à des souvenirs d’enfance qui ont irrigué l’ensemble de l’œuvre de l’auteur.
