Victor passe quelques jours de vacances chez sa grand-mère, aussi inventive en consolation que bonne cuisinière.
Passés les premiers jours de retrouvailles et d’émerveillement à la pêche aux crevettes, en balades au port ou à préparer « le gâteau fondant d’amour », notre vacancier devient morose. O’Ma lui confie alors l’un de ses secrets : ne jamais se coucher sans s’être remémoré trois jolis moments de la journée. Mais encore faut-il avoir les bonnes lunettes pour les voir. Et en saisir l’utilité.
C’est ce que la grand-mère a décidé de mettre en œuvre par un moyen assez concret et symbolique : un vieil appareil photo instantané, ressorti de son grenier. En un clic, elle prend un arc en ciel tout coloré, depuis la lucarne. Pris d’un enthousiasme nouveau mais rapidement déçu, Victor va lui aussi s’exercer à prendre des photos, à la va vite, sans observation précise. Tout est raté et gris. L’appareil est-il abîmé ou est-ce l’œil du photographe qui doit s’appliquer ?
Le lecteur découvre avec plaisir au fil des pages un petit-fils qui va éduquer son regard et répondre à la mission de sa grand-mère qui a pris froid et ne peut sortir pendant plusieurs jours : lui rapporter les découvertes de ses yeux et de son cœur. Chercher des trésors pour quelqu’un d’autre que soi, change la donne.
Cette histoire est une belle métaphore du regard que l’on pose sur la vie. Regarder attentivement autour de soi, ne pas se presser, ouvrir plus grands ses yeux, y mettre du cœur, s’émerveiller, peut changer les couleurs de nos journées. Une vraie clef pour aider nos « Jean-qui-grognent », peut-être.
C’est doux, fin, réaliste, juste et orienté vers l’autre.
Les illustrations, assez simples et naïves reflètent bien l’alternance des émotions entre grisaille et couleurs.