PRIX GONCOURT DE LA BIOGRAPHIE 2024
PRIX DE LA BIOGRAPHIE DU POINT 2024
Les vacances sont une période particulièrement propice à la lecture d’une solide biographie car le temps est moins compté pour entrer progressivement dans l’intimité d’un personnage, ce qui procure un grand plaisir de lecture comme avec cette vie de Madame de Sévigné.
Madame Haroche-Bouzinac, professeur à l’université d’Orléans et spécialiste du XVIIIe siècle, fait de son héroïne une personne humainement très sympathique qu’elle dépeint traversant joies, peines, épreuves, comme tous les aléas de la vie, avec beaucoup de sensibilité.
Marie de Sévigné, cette grande dame de son temps, fréquente la Cour, ce qui ne l’empêche nullement de participer à des cercles littéraires et de compter parmi les Précieuses au sein de ce mouvement qui contribua autant à populariser une importante littérature romanesque qu’à policer les mœurs.
Bien loin de se cantonner à une existence retirée, la célèbre épistolière vit une existence foisonnante. Ainsi de multiples personnages, parents, amis, domestiques décrits avec bienveillance peuplent ces pages et animent de nombreux cadres de vie aussi bien citadins que champêtres, hôtels particuliers parisiens, châteaux provinciaux, paysages de Bourgogne, de Bretagne et de Provence, car, en calèches, en chaises de poste, en coches d’eau, la Marquise voyage souvent.
Au fil des pages de ce livre très vivant et dense, se succèdent des tableaux comportant de nombreux détails sur la vie quotidienne, l’habillement, la nourriture, l’art des jardins et les architectures intérieures et extérieures. Cela compose l’écrin d’une personnalité riche et complexe qui ne se réduit pas à son affection passionnée pour sa fille et aussi pour son fils, mais qui compte de très nombreux parents et amis fidèles dans un réseau de sociabilité inimaginable en notre temps, entretenu par les visites et les relations épistolaires.
Une biographie particulièrement réussie, à conseiller à partir de 18 ans pour saisir toutes les subtilités d’une époque où la France bouillonnait de ferveur religieuse et était à l’apogée de la pensée et de l’art.