Après le retentissement de son premier livre La fabrique du crétin digital. Les dangers des écrans pour nos enfants (2019), Michel Desmurget, docteur en neurosciences, a souhaité, dans un second temps, faire l’éloge de la lecture comme antidote aux périls dénoncés.
Ceux-ci n’ont fait que croître, ce qui est avéré par un article du Figaro (2 février 2024) intitulé Éduquer les parents plutôt qu’interdire. Les premières pistes de la « commission écran ». On y apprend que « les spécialistes de la petite enfance font le constat quasi unanime que les smartphones des parents sont utilisés dans les poussettes, donnés pour calmer une colère, ou deviennent un accessoire indispensable des repas… »
Tandis qu’une sage-femme déplore, de son côté : « Je vois souvent des parents qui regardent plus leur portable que leur enfant après la naissance. » Avant que soit posé le constat suivant : « Dès deux ans, un enfant passe en moyenne 56 minutes devant un écran par jour, selon les derniers chiffres de Santé publique France. Une durée qui augmente avec l’âge, passant à 1h20 en moyenne par jour à 3 ans et demi et 1h34 à 5 ans et demi. »
Or Desmurget assure que « si les fondations cérébrales ne sont pas posées lorsque l’élève arrive en maternelle, sa scolarité deviendra rapidement douloureuse. » Et que « les prérequis à la lecture, mesurée en maternelle, sont de puissants prédicteurs de la compréhension en lecture en troisième ». Ces prérequis seront assimilés par la lecture partagée dont l’auteur note d’ailleurs que « l’impact bénéfique de la lecture partagée sur le déploiement du langage ne fait à ce jour plus aucun doute. » Lecture partagée qui a de multiples bienfaits par ailleurs car elle favorise les dialogues et les relations à l’intérieur de la famille, et même l’empathie car elle est une occasion pour l’enfant d’apprendre à se mettre à la place d’autrui. Cette lecture partagée doit être poursuivie même lorsque l’enfant sait lire tout seul, en effet « l’école sait faire des décodeurs. Mais c’est la famille, pour une grande part, qui forge les lecteurs. »
« Un enfant qui se contente des apports (essentiels, mais limités) de l’école, ne deviendra jamais un lecteur. » Or la lecture « rend nos enfants plus intelligents, plus cultivés, plus créatifs, plus aptes à communiquer, à structurer leur pensée et à organiser leurs énoncés. »
« Soit un enfant lit beaucoup, soit il devra se satisfaire d’un langage appauvri et d’une intelligence partiellement mutilée. » On peut aussi noter ceci : « Un travail récent établit que les plus gros lecteurs d’ouvrage de fiction présentent de meilleures performances socio-émotionnelles en raison d’un fonctionnement optimisé des réseaux neuronaux dédiés. »
En bref « en devenant lecteur, l’enfant apprend bien plus que la maîtrise du code écrit, il apprend à apprendre, à questionner, à regarder, à écouter, à raconter, à ressentir, à compatir, et, ultimement à penser. » C’est donc son avenir qui est en jeu, individuel, professionnel, social.
C’est même l’avenir de la société : « Le renoncement des jeunes générations à lire (renoncement aujourd’hui largement documenté) ne sera pas sans impact sur notre avenir commun. Cette tendance nous coûtera une précieuse part de notre âme, de notre histoire, de nos capacités à comprendre le monde… »
Ce livre qui vulgarise de multiples études récentes est donc essentiel pour informer les parents car la consommation d’écrans se fait principalement au détriment de la lecture dont il démontre les bienfaits incontournables.
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Hélène Fruchard
